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Beauty is Intelligence

février 8, 2024

Beauty is intelligence, isn’t it ?
Here the conference I was invited to share with 2000 people from the beauty industry who gather each January in New Orleans — it’s called SB, Serious Business, Serious Beauty!
La beauté sauvera le monde… peut-être… avec un peu d’intelligence, d’amour, de care et de créativité, qui sait…

Bons baisers de Chêne-Bourg

janvier 28, 2024

À Chêne-Bourg, l’exposition de Brice Catherin et ses complices bat son plein. Après un trajet New Orleans – Atlanta – Paris – Bruxelles – Mons – Tournai – Lille – Paris – Genève j’arrive et la galerie est une ruche. Concert de Brice et Nikias, Brice qui tient tous les rôles ; ensemble, les deux musiciens ont adapté une pièce de Golfam Khayam à leurs instruments — Golfam Khayam récemment mise en lumière par Barbara Hannigan et l’orchestre philarmonique de Radio France et dont la musique se retrouve aussi dans un film du génial Kiarostami (dont j’avais eu l’honneur de montrer le travail à VIDEO FOREVER — MOVING FOREVER). Tout se rejoint… Performance de Victor Sebastiao da Silva avec Jonathan O’Hear à la vidéo, et le lendemain, Henry McPherson au piano – moi, je m’assieds, j’écoute, j’apprends, j’admire, je savoure… vous aussi, n’est-ce pas ?

Jonathan O’Hear // Brice Catherin

Et entre deux concerts de champignons je raconte l’histoire de John le vétéran américain souffrant (comme tous les vétérans) de SSPT (ou PTSS en anglais) et qui découvre en pleine nuit dans son jardin (il est insomniaque bien sûr, comment dormir après avoir tant tué ?) de très longs filaments blancs nacrés sous la lumière de la lune, qui lui font du bien… John appelle Dr. Maria Sappho, spécialiste de la vie sociale des champignons pour comprendre pourquoi il se sent soudain mieux pour la première fois depuis des mois — ah oui, les filaments des champignons, la symbiose, vivre ensemble… de lointains souvenirs reviennent à sa mémoire, oui, il était possible de vivre ensemble, les champignons le savent… 

Les mousses poétiques d’Henry McPherson   //  Victor Sebastiao da Silva, Poète en guerre

Plus tard, Mimiko Türkkan nous lit ses pensées sur son devenir vague… et elle devient vague, en position fœtale, là, sur le sol de la galerie, une vague rouge comme inondée du flux de l’ « innergy »…

Mimiko Türkkan, Devenir vague

Bon baiser de Mons

janvier 26, 2024

À Mons, le Festival Mons en Lumières, imaginé et créé par Xavier Roland, le directeur du BAM, a ouvert avec la mise à feu d’un poème de Robert Montgomery écrit en l’honneur de la ville de Mons et d’André Breton :

MA VILLE AUX FENÊTRES D’ÉCLAIRS D’ÉTÉ, SON ÉGLISE
EST UN SABLIER SES PONTS DES MONTAGNES RUSSES,
MA VILLE AVEC DES CENDRIERS COMME DES NIDS
D’HIRONDELLES, DES NIDS D’OXYGÈNE, ET SES PARCS
LE MATIN SONT DES GYMNASES D’OISEAUX

Souvenir des rituels celtiques du feu, la mise à feu poétique évoque les célébrations ancestrales du passage des saisons…

Et à travers toute la ville, Robert Montgomery

Et plus tard…

Bons baisers de la Cité internationale des Arts

janvier 24, 2024

Mimiko Türkkan est arrivée à Paris, en résidence à la Cité internationale des Arts, pleine vue sur la Seine, pour trois mois. Elle qui s’intéresse depuis des années au flux, au flux de l’eau, des océans, au flux énergétique intérieur, qu’elle appelle « innergy », ce flux d’énergie qui traverse certaines femmes notamment, celles qui veulent bien l’accueillir, celles qui sont un peu sorcières, moi par exemple… mais plus largement, le flux de la vie, va étudier le flux de la Seine. Comment devenir vague, au bord du Bosphore, comment devenir vague, dans la Seine. Mimiko regarde la fleuve mythique de sa fenêtre, à l’aube, et sous le Pont Mirabeau coule la Seine…

Comment devenir vague ? En se laissant flotter… j’essaie… j’aimerais beaucoup devenir vague. Suivre le flux. Se laisser couler dans le flux. Je suis un poisson, après tout. S’inclure dans le flux du monde. Devenir une goutte de pluie…

Mimiko Türkkan sera à Genève à Analix Forever pour une performance « vague »  le samedi 27 janvier, ; ouvrira son atelier à la Cité internationale bientôt ; elle fera partie, avec sa vidéo How to destroy an artwork, de ma prochaine exposition à Genève « une écologie des images » (rien de plus écologique que de les détruire, non ?) ; je présenterai son travail à Paris dans mon nouvel espace privé pour la Journée internationale de la femme, le 8 mars et le 9 mars — and more…. Joie !

Bons baisers de la Cité…. & follow Mimiko here : instagram.com/mimikoturkkan

Bon baisers de Serious Business

janvier 23, 2024

Bon baisers de Paris, la main dans la main

janvier 22, 2024

Paris, plain pied cour, le soir, porte entrouverte… Robert Montgomery est là. A LOVE SONG.

Le matin j’allume cette pièce lumineuse et j’en ressens immédiatement les bienfaits, très physiques : une luminothérapie de calme et de douceur.

L’oeuvre de Robert Montgomery éclaire aussi les oeuvres des artistes que je présente — JiSun Lee et ses mains, et bientôt Julien Serve, pour la sortie de sa première monographie, Dérive parisienne, publiée par l’atelier Martel. 

Julien Serve, tout comme JiSun Lee, dessine des mains. Il en a fait un poème, dédié aux mains de JiSun Lee :

Main dans la main

Main dans la main
Les mains d’or
Mains d’or
Aux mains de mon père
Les mains vides
La main verte
La main dans la main
Les mains d’une femme 
À pleines mains
Les mains de l’Ange
Main dans la main
Les mains froides
La main sur le cœur
Les mains pleines de doigts 
Les mains ouvertes
La main sur toi
Les mains d’or
Les mains de femmes
Main dans la main
La main de ma sœur
Les mains sales
Les mains d’or
La main verte
La main tendue
Les mains d’une femme
Main dans la main
Les mains libres
La main
La main de l’ange
Main dans la main
Les mains pleines
Les mains d’une autre
Main dans la main
La main du maître
Les mains d’Élsa
La main gauche du Seigneur
La main sur le berceau
Les mains de l’air
Les mains d’ici
La main sur le cœur

Les mains de l’ombre
Main dans la main
Les mains sales
Les mains de l’enfance
La main sur le cœur
Les mains d’une vie
La main sur le cœur
Main dans la main
Les mains d’argent
La main qui tremble
Les mains d’or
La main droite du diable
Les mains dans le cambouis
Main dans la main
Les mains dans le sable
La main de Johnny
Les mains d’une femme
Main dans la main
Les mains pleines de ciment
La main d’or
Main dans la main
Les mains d’or
La main sur le cœur
Les mains d’argent
Les mains d’or
Main dans la main
La main du maître
Les mains dans les poches
Main dans la main
Les mains dans le dos
La main du diable
Les mains en l’air
Main dans la main
Les mains de l’ennemi
La main dans le sac
Les mains d’une mère
Main dans la main
Les mains d’une étrangère
La main qui guide
Les mains dans le coton
Main dans la main
Les mains sales
Les mains de l’amour
La main sur le micro
Les mains d’une star
Main dans la main
La main sur le fusil 
Les mains d’une mère
Les mains d’une soeur
La main noire
Main dans la main
Les mains d’un homme
La main du maître
Les mains d’une fée
Main dans la main
Les mains de ma mère 
Les mains d’une princesse 
La main invisible
Mes mains de l’espoir
La main dans le sac

Bons baisers de Louisiane

janvier 21, 2024

Il fait un temps magnifique à la Nouvelle Orléans. Bientôt, on y jouera Les Misérables

Moi, j’ai le privilège insigne d’être invitée à Serious Business — le grand meeting annuel de l’industrie de la beauté à la Nouvelle Orléans — où je vais partager avec quelques 2000 personnes certaines de mes idées sur la beauté… 

Beauty is intelligence. Mes modèles : Hannah Arendt et Marie Curie. C’est fou, comme l’intelligence irradie de leur regard et fait rayonner leur visage.

Beauty is love. Pour cette partie là, j’ai choisi une photographie de Jenny Lewis, dont je parle dans Les femmes d’aujourd’hui au regard des artistes. Jenny Lewis a photographié cent cinquante femmes dans les premières vingt-quatre heures après leur accouchement. « J’ai rendu visibles des émotions telles la joie, l’amour écrasant et la victoire triomphante que ressent chaque nouvelle mère. J’ai choisi de me concentrer sur les vingt-quatre premières heures, lorsque le corps de la mère nouvelle-née est englouti par les hormones, pour capturer la physicalité implacable du moment, la physicalité du champ de bataille. La sueur scintillait encore sur la peau des mères et leurs yeux écarquillés s’étonnaient de l’ampleur de ce qu’elles venaient d’accomplir. Mes images sont une pure célébration de ce que signifie être une mère. » 

Laurie, © Jenny Lewis

Beauty is art, literature, poetry… la beauté et la pulsion créative sauveront le monde, n’est-ce pas ?

Beauty is care. Et c’est peut-être le plus important. Care, pour l’autre. Pour tous les autres. Le soin, quelqu’il soit, fonde une communauté. Une communauté de soignants, et une communauté entre les soignants et les soignés.

2024 et un avenir à créer

janvier 8, 2024

Quoi de plus beau, de plus essentiel, plein d’espoir, d’amour et d’humanité, que de confier l’avenir à celles et ceux qui viennent ?
Si nous les aimons assez, si nous leur faisons confiance, ils, elles vont réparer le monde. 

Atsoupé et Alexandre D’Huy ont mis au monde Mica, cette merveille, en novembre dernier. Leur art les accompagne dans cette nouvelle vie. Et les deux artistes, les deux parents, ont décidé pour un temps de se donner entièrement au soin de celui qui vient. De lui donner tout l’amour possible, tout l’amour du monde, toute la confiance que peut donner l’amour. Plus tard, il mettra de l’or, de l’or d’amour, dans les failles du monde dans lequel on l’accueille aujourd’hui. 

Merci à vous deux, pour tout cet amour, et merci à toutes celles et ceux qui viennent, en ce moment même, de faire mieux que nous.

PEACE & LOVE

© Alexandre d’Huy

La lumière du soleil monte vers le ciel

décembre 13, 2023
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Cher blog, je t’ai bien négligé depuis Nice et OVNi. Pourtant il s’en est passé des choses. Mais parfois le vivre et le faire entrent en compétition avec l’écrire… ou le préparent. Et voici que la fin de l’année approche. La fin. De l’année oui mais pas la fin des guerres, ni en Ukraine, ni au Moyen Orient, ni ailleurs. Peut-être est-ce pour cela que je ne t’écris pas, cher blog. Parce que je voudrais réfléchir, lire, écrire sur la paix. Bientôt.

En attendant, j’écris. J’écris aux artistes que j’aime. J’écris sur leurs processus créatifs. Je viens d’écrire deux longs textes pour la future monographie d’Eva Magyarosi, qui sera intitulée Clairvoyance – quel beau titre… – l’un porte sur la fertilité possible, en termes de création, du terreau maternel : Eva Magyarosi a quatre enfants, comme moi. J’écris d’amour aussi, avec passion. Dans des carnets, des cahiers, des lettres et des messages. Et un texte sur Perama, pour le livre de photographies de Marios Fournaris, à paraître au printemps 2024 : Perama ou la nécessité

Un texte qui parle de marche. Je marche. Toi aussi, tu marches.

Je marche, je rêve : une même impression d’étrangeté. Les images des rêves, recomposées à partir des millions d’images stockées quelque part dans nos mémoires : ainsi la marche dans une ville désertée depuis trop longtemps. Il semble que cette place était plus fréquentée autrefois, ce chien plus maigre, ces pierres moins tranchantes, cette poussière plus volatile, non ? Tout semble différent. La marche, comme les rêves, crée des mondes invisibles à tout autre que le marcheur.

La marche est une dérive. Une dérive dans des interstices habituellement invisibles, inaudibles lorsque l’on traverse un lieu en voiture, en transports publics ou même à vélo. Une dérive dans un monde utopique, où les arbres poussent sur les collines de Perama, où l’eau de mer est cristalline, où les enfants de Perama jouent avec du sable doré sur la plage et inventent la science sous-marine du futur, où les pièces de Robert Montgomery illuminent l’étroite langue de terre de Perama et où la poésie en langue étrangère évoque une mémoire partagée de la beauté.

Toi aussi, tu marches le long d’Odos Demokratias, en direction de Perama, étourdi par la chaleur. Tu connais la chaleur pourtant, mais pas cette chaleur-là, rêche comme un poème de Pavese. Tu continues le long de la route, vers ce qui semble être la direction. 
Tu viens de n’importe où, qui sait comment, peu importe car à Perama jamais personne ne te demande comment tu es arrivé ici. 
Tu viens ici qui sait pourquoi. Peu importe car à Perama jamais personne ne te demande pourquoi tu viens à Perama. 
Ils sont tous arrivés comme ça, les parents désormais vieux mais toujours vivants, les grands-parents, d’Asie Mineure, de Smyrne, de Constantinople, de Crète, de nulle part. 
Tu viens ici parce qu’il n’y a nulle part d’autre où aller, parce qu’ici il y a toujours encore un peu de place, tout en haut dans la montagne, dans quelque maison abandonnée depuis des années ou en construction depuis toujours. 

Marios Fournaris, 2022 « La lumière du soleil monte vers le ciel »

Vous voulez lire le texte en entier ? C’est par ici.

Merci à celles et ceux qui ont d’ores et déjà leur nom dans le livre, à la page des remerciements. Si vous voulez les rejoindre, et recevoir un ou plusieurs exemplaires du livre… c’est par là :
Association SHARING PERAMA
C/O RUSSEL BEDFORD 8 rue Jean Petitot
1204 Genève
CH96 0900 0000 1527 1706 1  
POFICHBEXXX

Ils évoquaient le murmure des étoiles

novembre 17, 2023

Janet Biggs présente la première d’une série de quatre vidéos à venir, Éclipse, à OVNI, le fabuleux festival de vidéos de Nice, consacré cette année aux intelligences artificielles, que Janet Biggs côtoie et intègre depuis longtemps dans son travail d’artiste.

Éclipse, ce sont quatre éclipses solaires. La première, celle qui est montré à OVNI, a été filmée en Antarctique, dans un brouillard si épais qu’il participait de l’obscurité. Janet Biggs raconte l’étrangeté de la situation, la disparition – le froid intense. On pense que les éclipses solaires amènent l’obscurité, oui certes – mais on oublie parfois le froid, immédiat, glaçant, de notre monde sans soleil…

L’intérêt de Janet Biggs pour les éclipses, comme très souvent dans ses œuvres, trouve racine dans sa vie personnelle, familiale, intime. Sa mère souffrait de syndrome crépusculaire – ou sundown syndrome – entraînant notamment des troubles du rythme nycthéméral et une confusion entre le jour et la nuit. Après le décès – la disparition de sa mère – Janet a fomenté cette idée : « Peut-être que si je me mets dans une situation où tout est inversé, je vais retrouver ma mère. » À la recherche du temps perdu. Disparition et présence.

Éclipse, 2022, © Janet Biggs

Disparition et présence : la poésie est cela même, qui parle toujours de disparition, dans une sorte de présence alternative, miraculeuse. Et Janet Biggs, depuis quelques temps, écrit poétiquement pour accompagner, dans ses vidéos, la disparition de la lumière. Pour nous accompagner, dans ces mondes crépusculaires qu’elle visite et nous donne à rêver.

Et elle m’autorise à traduire sa poésie. C’est peut-être ce que je préfère faire : traduire la poésie d’artistes que je connais si bien que j’ai l’illusion d’être dans leur langage quand j’écris dans ma langue.

Lorsque dans l’atmosphère leur respiration glacée se transformait en cristaux 
ils évoquaient le murmure des étoiles

Le temps se replia sur eux

Ils se réveillaient en pleine nuit, certains qu’il faisait jour
Ils se confrontaient alors à l’obscurité extérieure 
mais restaient dans le doute

Après quelques années, à force de regarder le soleil en face,
ils devinrent tous deux aveugles d’un œil 

Ils s’attendaient à ce que leurs capacités diminuent 
et que leur dépression augmente
mais ils se retrouvèrent en réalité 
en pleine dérive
dans une sorte d’hibernation

Ils passèrent des semaines entières confinés dans l’obscurité
à tenter de mesurer des écarts en se basant sur la lune 

En ce temps-là, ils se cachaient, terrorisés
et lorsqu’ils avaient le courage de sortir
ils n’osaient pas lever les yeux
de peur de voir ce qui pourrait fondre sur eux 

La confusion s’installa en fin d’après-midi et se prolongea dans la nuit

Un corps qui traverse un autre corps peut être une preuve

Lorsque la lune passa devant le soleil
la nature tout entière se transforma

Janet Biggs le 16 novembre 2023, au NMNM, devant une œuvre lunaire de Pier Paolo Calzolari